Le profil des mentorés change
S’il y a un phénomène auquel tous les mentors sont confrontés, c’est bien le changement des générations des entrepreneurs. L’ajustement intergénérationnel devient une priorité. Grosso modo, il y a deux types de gestionnaires et d’entrepreneurs, ainsi que des organisations qui glissent tranquillement vers l’approche nouvelle des générations X et Y, fait remarquer d’entrée de jeu Jean Beaudin.
« Il y a l’entreprise conventionnelle qui est en affaires depuis plus de 10 ans, où la moyenne d’âge est de 38 ans et plus. On y fait des affaires de façon traditionnelle, selon les règles de l’art, entre 8h et 17h. Il y a aussi le nouvel entrepreneur qui offre un horaire flexible, une vision et une philosophie corporative allégée, même si elle est toujours dirigée vers les résultats. On y trouve habituellement une garderie, des accommodements sur le plan de travail et j’en passe », élabore-t-il.
Conciliation travail-famille
C’est que la relève aux entrepreneurs baby-boomers s’installe petit à petit. « Nous sommes actuellement dans un tournant », constate Luc Harbec. Le plus grand changement qui en découle est, à son avis, le passage d’une génération d’entrepreneurs prêts à mourir au travail vers des chefs d’entreprise pour qui la conciliation travail-famille devient une priorité.
Alain Delorme abonde dans le même sens : « Auparavant, les entrepreneurs se donnaient à 100% dans leur entreprise. Ils s’oubliaient complètement, rappelle-t-il. Les jeunes entrepreneurs sont plus conscients de l’importance de faire le partage des choses, et je trouve cela formidable. »
M. Delorme ajoute que les nouveaux chefs d’entreprise ont simultanément trois priorités numéro un, qu’il énonce comme suit : « Moi, ma famille, mon entreprise ». En résumé, ils veulent non seulement réussir en affaires, mais aussi réussir leur vie, renchérit-il.
Savoir s’ajuster
Ce nouveau profil d’entrepreneurs constitue un changement majeur auquel les mentors, en grande partie des baby-boomers, doivent s’ajuster. « La génération Y remet la pendule à l’heure en ce qui concerne la conciliation travail-famille », dit Luc Harbec.
Les mentors baby-boomers doivent maintenant se mettre dans la peau des jeunes entrepreneurs, bien comprendre leurs priorités en tant qu’individus, assimiler ces changements et cheminer avec eux dans cet environnement, souvent totalement différent de ce qu’ils ont connu alors qu’ils étaient eux-mêmes chef d’entreprise.
« Cela demande beaucoup d’ajustement et d’ouverture d’esprit de la part d’entrepreneurs de ma génération, le travail était la priorité, alors que pour les plus jeunes, la priorité, c’est leur famille », confie Raymond Marcil.
Une autre des principales caractéristiques des chefs d’entreprise de la génération Y est leur très grande capacité à s’informer et leur désir d’échanger des renseignements avec des réseaux de contacts de plus en plus élargis, mentionne Rodrigue Julien. Dans ce sens, les mentors d’expérience sont un atout additionnel pour eux, puisqu’ils peuvent souvent les faire bénéficier de leur vaste réseau de contacts.
© Réseau M – Le réseau de mentorat pour entrepreneurs de la Fondation de l’entrepreneurship